J'ai plusieurs fois entendu parler de l'Aubrac à la télé ou dans les journaux au cours de ces dernières années. Je me suis alors promis d'aller découvrir ce territoire dès que mon emploi du temps me le permettrait. Je m'y suis enfin rendu cette année du 18 au 21 juillet 2013.

Amoureux de la nature et du milieu montagnard notamment, ce séjour s'est inscrit dans la suite logique de ma démarche photographique. Toujours en quête d'immortaliser notre patrimoine naturel et culturel et de le faire partager au plus grand nombre, je cherche continuellement à faire évoluer les mentalités et à faire prendre conscience que la nature est belle et que les vestiges de nos ancêtres ne doivent pas être oublié.

Dès mon arrivée dans l'Aubrac, j'ai su que j'étais arrivé au bon endroit. Le patrimoine naturel et architectural est vraiment à couper le souffle. J'étais vraiment arrivé au bout du monde. Territoire également très marqué par les pèlerins, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle et la spiritualité, il a été aussi pour moi l'occasion de marquer un temps de repos et de réflexion, de retrouver un contact privilégié avec la nature. Notre société actuelle est structurée par le temps et on a tendance à perdre les vrais valeurs et l'essentiel.

Depuis quatre années, je suis particulièrement attiré par le Massif Central et l'Auvergne. J'ai découvert le Puy de Dôme et la Chaîne des Puys, le Massif du Sancy, le Cantal, la région du Mont Gerbier de Jonc... L'Aubrac, situé tout au sud de l'Auvergne, restait pour moi une partie de l'Auvergne encore à découvrir. Mais je crois que je suis encore loin d'avoir percer tous les beaux secrets de cette magnifique région...

A peine avoir enfin découvert l'Aubrac, je veux déjà y retourner. Mon premier séjour a été trop court (seulement deux jours entier sur place) et je n'ai pas eu le temps de tout voir. Je n'ai pas assez parcouru la montagne, je n'ai pas assez senti le souffle des vaches, je n'ai pas découvert tous les trésors du passé. Je veux assister le 25 mai prochain à la grande Fête de la Transhumance et je veux voir les pâturages recouvert de narcisses à partir du mois de juin. Moi aussi je veux faire "le chemin"...

Je vous invite à découvrir ci-dessous le sommaire de mon reportage photographique sur l'Aubrac :

-Bienvenue dans l'Aubrac : introduction

-Bienvenue dans l'Aubrac : présentation

-Aux portes de l'Aubrac, côté nord, coule la Truyère

-Aux portes de l'Aubrac, côté sud, coule le Lot

-Un territoire riche en eau

-La faune et la flore de l'Aubrac

-La Belle aux Yeux Noirs

-La Petite Maison dans la Prairie

-L'Aubrac et les richesses du terroir

-Quand les pélerins traversent l'Aubrac

-Au coeur de l'Aubrac, le village de Saint-Urcize

-Au coeur de l'Aubrac, le village de Nasbinals

-Au coeur de l'Aubrac, le village de Aubrac

-Au coeur de l'Aubrac, le village de Saint-Chély d'Aubrac

-Les villages de la vallée du Lot : introduction

-Les villages de la vallée du Lot : Sainte-Eulalie d'Olt

-Les villages de la vallée du Lot : Saint-Côme d'Olt

-Les villages de la vallée du Lot : Espalion

-Les villages de la vallée du Lot : Estaing

-Conques, LE plus beau village de France?

-Petit air de vacances

Je tiens à préciser que l'ensemble des images des articles suivants sont des photos de "reportage". Ce ne sont donc pas des photos "individuelles" qui sont alignées les unes après les autres sans aucun sens. Je tiens aussi à souligner que les images qui suivent n'ont pas été réalisées pour en faire des bêtes de concours ou des photos exceptionnelles mais qu'elles sont là pour être lu dans un ensemble, pour comprendre un territoire...

J'ai d'ailleurs passé des heures à lire des ouvrages pour illustrer mes photos et pour vous raconter l'histoire de cette région. Une idée de réaliser prochainement une exposition sur l'Aubrac?

L'Aubrac est une région naturelle de 250 000 Ha (40km sur 20km) qui s'étend sur trois régions (Auvergne, Midi-Pyrénées, Languedoc Roussillon) et trois départements (Aveyron, Cantal et Lozère).

Elle se caractérise par un immense plateau basaltique et granitique de moyenne montagne dont l'altitude s'échelonne entre 1000 et 1500 m d'altitude. Une immensité faite de courbes et de rondeurs dont le regard ne trouve pas de limite mais au contraire se fige vers l'infini.

C'est un endroit peu peuplé avec 6 habitants au km2 et réputé pour la rudesse de son climat.

Territoire authentique, l'Aubrac a de nombreux atouts : un passé géologique et historique bien marqué, un terroir d'exception, des paysages uniques, une faune et une flore riche et variée, la présence de l'eau (rivières, lacs, cascades et tourbières) et un patrimoine architectural hors du commun.

L'aubrac est également une terre d'élevage avec une agriculture traditionnelle et extensive. Les murets et les amoncellements rocheux délimitent les parcelles et dessinent les paysages.

Enfin, l'Aubrac est un territoire loin de tout et d'impression de bout du monde. Une sensation d'espace, de liberté et de pureté envahit les personnes qui viennent lui rendre visite.

Encore préservé, un projet de Parc Naturel Régional est en cours de constitution.

 
Les paysages uniques de l'Aubrac

L'Aubrac, un territoire de grands espaces

Les murets et les amoncellements rocheux forment les paysages typiques de l'Aubrac

Les Gorges de la Truyère situées dans la région naturelle de la "Margeride" marquent une zone de transition avec le plateau de l'Aubrac côté cantalien.

La Truyère, rivière française du Massif Central, prend sa source dans le Massif de la Margeride en Lozère à 1450 m d'altitude.

Longue de 170 kms, la Truyère traverse la Lozère, le Cantal et l'Aveyron. Elle est l'affluent principal du Lot.

Les gorges profondes de la Truyère

La Truyère se jette également dans le Lac de Grandval qui offre de beaux panoramas.

Les activités nautiques se sont développées sur le lac

 
Enfin, l'hydroélectricité s'est développée sur le lac avec la création du barrage de Grandval en 1959.

Monument prestigieux sur la Truyère et à proximité du lac, le Viaduc de Garabit.

Créé entre 1880 et 1884, c'est une oeuvre de Gustave Eiffel que l'on nomme aussi "le géant de fer rouge".

La rivière du Lot délimite au sud le plateau de l'Aubrac.

Long de 480 km, le Lot est un affluent de la Garonne.

Le Lot prend sa source au nord du Mont Lozère situé à 1241 m d'altitude.

Réputé pour ses eaux vives et puissantes, ses gorges sont à découvrir. Elles feront l'objet d'un prochain voyage...

Le Lot, un écrin de verdure

Le Lot, photographié en fin de journée, avec ses courants rapides...

Le plateau de l'Aubrac a la particularité d'être abondant en eau.

De nombreuses rivières, des torrents, des lacs, des cascades et des tourbières sont répartis sur tout le territoire.

Le cours d'eau principal est Le Bès. Il prend sa source au Signal de Mailhebiau situé à 1469 m d'altitude. Ses eaux acides s'étalent sur 66 kms de long et viennent se jeter dans la Truyère.

L'une des rivières de l'Aubrac, "la Boralde", elle traverse notamment le village de Saint-Chély d'Aubrac.

Un autre cours d'eau de l'Aubrac, le ruisseau des Salhiens qui se jette dans la cascade du Déroc...

La cascade du Déroc est l'un des sites les plus prestigieux de l'Aubrac. Elle a une hauteur de 30 m et une grotte d'orgues basaltiques est située tout en bas. 

Le lac des moines, photographié en fin de journée, est situé à proximité d'Aubrac. 

Il existe en Aubrac "la route des lacs", la départementale D52. Elle traverse le plateau du nord vers le sud au pied des Monts d'Aubrac. Plusieurs lacs se succèdent dont voici ci-dessous quelques images. Il manque le lac de Saint-Andéol que je n'ai pas eu le temps de photographier. Les lacs sont d'origine glacière.

Le lac des Salliens

Le lac de Souveyrols

Le lac de Bord

Le territoire de l'Aubrac est pourvu d'un patrimoine naturel exceptionnel.

La grande biodiversité du site est issue du passé glacière et volcanique du plateau.

La flore est riche et variée, plus de 2000 espèces de plantes couvrent le territoire ! C'est l'un des endroits les plus riche d'Europe ! J'ai été impressionné par cette diversité et par les nombreuses couleurs des fleurs.

La grande richesse floristique est également dû à une agriculture traditionnelle et extensive, la vache de race Aubrac entretien les milieux gràce au pâturage. Le climat océanique, la variété des sols et la présence de l'eau contribuent aussi à l'explosion de la diversité végétale.

La Gentiane est la fleur la plus connue de l'Aubrac. C'est une plante vivace qui peut vivre jusqu'à 50 ans. Elle est utilisée pour faire de la liqueur (voir article sur les produits du terroir).

Sur les deux photos ci-dessus, on remarque bien l'importance de la végétation au bord des routes et des chemins.

Avec l'abondance de la flore, les insectes, notamment les papillons, sont très nombreux.

Avec la forte présence de l'eau, les libellules sont elles aussi très nombreuses.

Des insectes parmi les feuilles :

Pour la faune, on retrouve en Aubrac des cerfs et des biches, le chevreuil, le sanglier, le renard, le blaireau, la loutre et des rapaces.

L'aubrac, terre d'élevage, a sa Reine.

Il s'agit de la vache de race Aubrac.

Elle est l'emblème de ce territoire, le véritable porte-drapeau !

La vache de race Aubrac a une robe de couleur fauve, le bout des cornes, des oreilles et le contour des yeux charbonneux.

Vache discrète, elle a failli disparaître dans les années 1970. Aujourd'hui, elle est la seule race française en progression...

Sa viande, très appréciée, sous l'appelation "Boeuf Fermier Aubrac", est label rouge.

Elle a de nombreuses caractéristiques intéressantes pour les éleveurs :

-Elle est robuste, elle est solide sur ses pattes et elle est bonne marcheuse

-Elle résiste au climat difficile

-Elle a une grande capacité d'adaptation

-Elle tombe très peu malade

-Elle est une mère exemplaire, elle allaite facilement et elle a une grande longévité

-Elle est autonome et peu exigeante en nourriture

Avec l'ensemble de ces caractéristiques, elle est donc très bien adaptée au plateau pauvre et rugueux de l'Aubrac.

Sa bonne image lui vaut d'être connue dans le monde entier.

Elle est également un véritable atout économique.

Les vaches passent l'hiver dans les étables et la belle saison dans les pâturages.

Elles rejoignent les pâturages le 25 mai à la Saint-Urbain et redescendent à la mi-octobre à la Saint-Gérard : c'est la TRANSHUMANCE.

C'est un événement très important et une véritable fête est organisée autour de ce périple. Elle met en valeur ce territoire de l'herbe.

Les familles et les habitants accompagnent le troupeau tout au long du parcours. Les vaches sont alors habillées de fleurs en papier, de houx et de drapeaux. Au 25 mai, la montée vers les estives symbolise le retour du printemps et le retour à la liberté pour les vaches.

La fête a essentiellement lieu sur la commune d'Aubrac, elle réunit 15000 personnes chaque année et autant vous dire que j'aimerai y assister pour réaliser de beaux clichés !

Dans un prochain article, je vous invite à découvrir les produits du terroir de l'Aubrac...

Dans le paysage de l'Aubrac, au milieu des prairies et des vaches, on distingue à certains endroits des petites bâtisses en pierre avec un toit couvert de lauzes... Ce sont les BURONS.

On peut aussi les appeler les MAZUCS. Ils font partis incontestablement du patrimoine architectural de l'Aubrac.

Ils étaient autrefois le lieu où on fabriquait le fromage (on appelle cela la fourme). Je parle au passé car malheureusement, il n'existe plus que le Buron de Camejane à Brameloup encore en activité.

Les burons fonctionnaient autrefois du 25 mai au 13 octobre, c'est à dire pendant la période que les vaches étaient à l'estive. C'est donc sur place qu'une équipe de 3 à 7 personnes en général était chargée de traire les vaches et de fabriquer le fromage. Ce qui permettait d'éviter de descendre le lait tous les jours jusqu'à l'exploitation qui était souvent éloignée.

Chacun avait un rôle bien précis dans chaque Buron. Les tâches étaient nombreuses : rapprocher les vaches, s'occuper de mettre le sel dans la tome brisée, briser le caillé et le mettre dans une toile sous presse, s'occuper des veaux...

Le travail était très difficile et pénible et de moins en moins de personnes eurent la force de continuer avec le temps.

Les Burons dans le paysage de l'Aubrac

L'aubrac a un terroir d'exception.

Avec l'élevage très présent sur son territoire, plusieurs variétés de fromages font le bonheur de nos papilles :

-Le Laguiole AOP (Appelation d'Origine Contrôlée)

C'est un fromage de forme cylindrique fait de lait cru et de lait entier. L'affinage peut durer de 4 mois à 2 ans. Anciennement fabriqué dans les burons (voir article précédent), c'est la flore remarquable de l'Aubrac qui a donné son goût. Pour en avoir mangé, il est très bon !

-La Tome fraîche de l'Aubrac

Coopérative laitière de Laguiole

Des spécialités et des plats sont à découvrir :

-L'Aligot de l'Aubrac (mélange de pomme de terre et de tome fraîche)

-La Rétortillat de l'Aubrac (plat similaire à l'Aligot, mais avec du fromage Laguiole AOP en plus)

-La Truffade (pomme de terre, tome fraîche et lardons)

-La Charcuterie de Pays

-Le Chou Farci

-Les Tripoux

-Le Boeuf fermier Aubrac Label Rouge

-Le Pounti (pâté composé de farine et de froment mélangée à des oeufs et du lait)

-La Coupétade (dessert typique de la Lozère)

Des produits non alimentaires sont fabriqués en Aubrac :

-La liqueur de Gentiane (liqueur digestive)

Elle est créée avec les racines de la plante (voir article sur la flore de l'Aubrac). Les racines sont arrachées de terre à l'aide d'une fourche que l'on appelle "la fourche du diable". Elles sont ramassées de mai à octobre.

-Le Thé d'Aubrac

-De l'extrait de parfum de narcisses

A partir du mois de juin, les montagnes de l'Aubrac sont recouvertes d'un tapis blanc, ce sont des narcisses. Elles sont ramassées, avec des grands peignes métalliques attelés à un poney, pour en faire de l'extrait de parfum haut de gamme. Seule la fleur est récoltée et il en faut pas moins de 1500 kg pour créer 1 kg d'absolue.

J'aimerai retourner en Aubrac à la période de floraison des narcisses pour faire de belles photos de paysage !

-Le Couteau de Laguiole

Il est réputé dans le monde entier. Fabriqué à la main, des artisans mettent tout leur coeur pour créer de véritables oeuvres d'art.

De nombreuses coutelleries sont présentes à Laguiole

Il est impossible de ne pas parler de pèlerinage lorsqu'on évoque l'Aubrac.

Tout d'abord parce que les témoignages spirituels sont très nombreux dans le paysage : des ponts, des croix, des statuts...

Parce qu'il existe ensuite un chemin mythique qui traverse le territoire, celui du GR65. Ce sentier de randonnée fait parti des Chemins de St Jacques de Compostelle que de nombreux pèlerins empruntent vers l'Espagne. Dès mon entrée sur le territoire de l'Aubrac, j'ai pu appercevoir le nombre impressionnant de personnes au bord des routes arpenter ce chemin. La plupart du temps, les randonneurs étaient munis d'un bon sac à dos, d'une carte et d'un bâton à la main.

Le GR65 est classé sur une longueur de 17 kms (principalement sur le tronçon de Nasbinals à St Chély d'Aubrac) "Bien Naturel" au titre de Patrimoine Mondial de l'UNESCO pour l'authenticité des paysages.

A titre personnel, emprunter le GR65 n'a pas seulement un caractère spirituel. Il est tout simplement le moyen de faire de la randonnée pour découvrir de magnifiques paysages, de renouer un contact avec la nature, de se vider l'esprit, ou au contraire, d'engager un temps de réflexion personnel, d'oublier le quotidien.

Premier témoignage spirituel : les statuts.

Elles sont très nombreuses dans la montagne et dans les villages, comme à Saint-Urcize sur la photo ci-dessus. Pour la première photo, j'ai volontairement sur-exposée l'éclairage pour renforcer le côté "spirituel".

Les croix sont omni-présentes dans le paysage de l'Aubrac. On les rencontre partout : au bord des routes, en montagne, dans les villages, sur les ponts...

Elles ont des formes très variées et peuvent être en pierre, en bois ou en métal. Certaines aussi portent des sculptures ou des fleurs. Tellement nombreuses, on pourrait en faire un véritable album photo !

Troisième témoignage spirituel, les ponts en pierre sont également nombreux en Aubrac. Ici le pont du Gournier, non loin de Nasbinals. Magnifique.

A Saint-Côme d'Olt, le long de la fontaine ou le long d'une porte ancienne, des bâtons déposés par les pèlerins.

A Estaing, un lieu d'accueil pour les pèlerins.

Autre lieu d'hébergement pour les pèlerins, à Conques.

Comme vous pouvez le constater, que ce soit dans la montagne ou dans les villages, les traces de témoignages liés aux pèlerins sont très nombreux en Aubrac.

Sur la photo ci-dessus, la "coquille" présente au centre de la jardinière en bois symbolise l'emblème du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle.

Sur les deux photos ci-dessus, le Refuge de Rajas situé sur le GR65 et non loin du Signal de Mailhebiau, point culminant de l'Aubrac à 1469 m d'altitude.

Nous allons maintenant partir à la découverte de 4 villages de l'Aubrac, du nord vers le sud :

-Saint-Urcize

-Nasbinals

-Aubrac

-Saint-Chély d'Aubrac